La métrologie, comme toutes les sciences, cherche à être adaptée aux besoins. Elle a besoin de connaissances dans l'instant mais aussi dans le temps.
Pour prévoir l'avenir, il faut connaître le passé, car les événements de ce monde ont en tout temps des liens aux temps qui les ont précédés. Créés par les hommes animés des mêmes passions, ces événements doivent nécessairement avoir les mêmes résultats. (Machiavel)
Actuellement, nous avons pour pratique de « gérer » des périodicités pour suivre et surveiller nos moyens de mesure, comme nous le faisons régulièrement pour suivre notre santé avec des bilans sanguins, des radios ou autres analyses. C’est le processus le plus répandu pour prétendre maîtriser son système industriel ; il est encadré par de nombreuses normes et recommandé par les guides. Ce n’est ni un principe parfait, ni une approche infaillible.
Il existe des domaines où les moyens de mesures sont pensés de manière monolithique et simple dans leur conception : les poids, cales, capteurs de température, etc.
Dans ces domaines, avec des étalonnages fiables et un historique conséquent, il est déjà envisageable de prédire leur comportement et donc d’adapter la politique des périodicités avec une maîtrise des risques avérée.
Pour les appareils du domaine électrique, la notion de dérive est plus compliquée à démontrer et à suivre. Pourquoi ? Ce sont des appareils qui évoluent dans différentes directions et pour une multitude de raisons :
• multiplication des composants : plusieurs centaines voire des milliers,
• corrections numériques fixes ou automatisées,
• organes de commutations qui vieillissent (relais, optocoupleur, etc.),
• ventilations, aérations, câblages, soudures, sertissages,
• chocs électriques et mécaniques.
De plus, ces appareils sont voués à de multiples utilisations, rarement recensées par les propriétaires. Cela rend compliqué la connaissance et la maîtrise des différents paramètres mesurés.
Il n’est pas utopique de penser que ces appareils pourront un jour s’auto-surveiller et ainsi nous accompagner au quotidien dans les prédictions de mauvaises mesures.
La prédiction est un exercice très compliqué, spécialement quand elle concerne le futur (Niels Bohr)
Il existe déjà des systèmes qui comptabilisent le nombre de commutations, les durées d’utilisation, les dates des derniers calibrages…L’appareil de demain sera encore plus intelligent et probablement aussi plus polyvalent : hardware adaptatif, intelligence évolutive, apprentissage et partage dans le « cloud ». Autant d’évolutions technologiques qui vont concerner nos futurs instruments de mesure.
Si l’on fait un parallèle avec la médecine, la réalisation de capteurs intégrés dans l’organisme mais aussi dans nos montres, nos bracelets, nos téléphones, permettent aujourd’hui de suivre certaines pathologies chroniques, voire de les détecter avant l’apparition des symptômes visibles. Cela ne nous dispense pas de passer régulièrement des bilans de santé, qui restent aujourd’hui le meilleur moyen de sauver des vies en détectant, sans signe avant-coureur, certaines maladies.
En conclusion, oui, une métrologie sans périodicités est envisageable (mais ce n’est pas pour tout de suite) et cela ne sera sûrement pas applicable dans tous les domaines. Doit-on s’en inquiéter ? Certainement pas : il faut observer et accompagner le progrès sans oublier de s’adapter à l’attente client. Dans ce futur, les métrologues seront alors des référents pour lever ou confirmer des doutes. Mais aussi des conseillers proches des industriels et de leurs besoins !
Pour aller plus loin :
http://www.demarcheiso17025.com/private/Fascicule%20Verification%20et%20Etalonnage%20CFM-2016.pdf